Forêt de Fontainebleau, 23 heures. Il fait désormais totalement nuit, le sentier boueux est envahi de ronces et je ne sais pas où nous allons. On aurait probablement dû prendre à droite au dernier croisement. Une branche craque derrière nous, on sursaute - mais c'est d'un autre chemin en contrebas, où l'on aperçoit vaguement la lumière d'une lampe torche, que monte soudain un long hurlement... Ils sont là.
« Ils », ce sont les zombies, nos plus grands adversaires dans cette course d'orientation nocturne organisée en pleine forêt par deux associations, Balise 77 pour le côté course d'orientation, Z-word production pour le côté zombies. Une heure de course de nuit, avec deux cent participants et une bonne vingtaine de volontaires déguisés chargés de dévorer (métaphoriquement) les plus lents...
Parmi les « survivants », deux profils se dégagent : les « pros » de la course d'orientation – ceux qui visent vraiment la collecte de toutes les balises, et qui scruteront avec attention le classement final. Et puis celles et ceux qui sont venus entre amis, plus pour le côté « zombies » que pour le côté course. On les reconnaît aisément : plus volontiers déguisés, un peu nerveux à l'idée de participer à ce qui est, pour beaucoup, leur première course d'orientation, avec ou sans zombies.
Parmi les zombies volontaires également, plusieurs motivations - et des degrés de zombification différents. Fred, tablier sanguignolant autour du cou, est plutôt un habitué des environnements d'horreur. Ce joueur de jeux de rôle grandeur nature - dans lesquels on incarne des personnages fictifs et où l'on se déguise volontiers - organise régulièrement des parties d'airsoft zombie. Dans ce jeu à mi-chemin entre le paintball et le jeu de rôle, une partie des joueurs affronte, à l'aide de pistolets à bille, des joueurs zombie.
L'idée de la course l'a intrigué - suffisament pour qu'il vienne participer après une journée de travail qui a commencé à quatre heures du matin. Il ne regrette pas le déplacement : « L'idée me bottait à fond. Si j'avais eu plus de budget, j'aurais prévu un déguisement plus élaboré ! Mais pour moi qui ai plutôt l'habitude d'être du côté des organisateurs, c'était vraiment une très bonne expérience. »
Thomas et Aude, eux, ne sont pas des fans absolus de zombies. Pourtant, ce couple venu de Moulins avait soigné ses costumes : infirmière zombie - « ou petite fille, au choix » pour Aude, prêtre mort-vivant pour Thomas. Malgré la pluie, les bouts de chair factice accrochés à leurs visages ont plutôt bien résisté à la course. Du travail de professionnels ? « Pas du tout, on a juste fait un seul essai, on a regardé des tutoriels sur YouTube », rigole Thomas.
Ils sont venus avec toute une bande d'amis qui participaient comme survivants. Eux se sont inscrits trop tard, il n'y avait plus de places. Du coup, ils ont décidé de s'impliquer pour « faire peur au maximum de gens ». Bilan plutôt réussi : à eux deux, ils totalisent treize languettes arrachées à des survivants en fuite. Malheureusement, les zombies n'ont pas eu le droit, eux, à leur classement final... Peut-être pour une prochaine édition ?